Rouge à lèvres des hotesses Turkish Airlines et place Taxsim
Nous rassurons tous ceux qui s'inquiètent de ce qu'ils voient à la télé: Istanbul n'est pas à feu et à sang! Nous sommes comme toujours sidérés de voir comment les journalistes peuvent renvoyer une image totalement déformée de ce qui se passe, et comment certains, incapables de trouver et/ou de traiter un sujet interessant sur leur propre pays, se permettent de faire la une sur des sujets qu'ils ne connaissent pas sur un pays étranger.
Bien sur cela ne veut pas dire qu'il ne se passe rien, ou que ce qui se joue en ce moment n'est pas très important!
Pour ce qui nous concerne, suivant comme nous le pouvons l'actualité locale depuis que nous sommes là, nous avions noté l'affaire du rouge à lèvres des hotesses de l'air de Turkish Airlines (interdiction de mettre du rouge à levres, puis marche arrière devant le tollé), et les péripéties concernant la vente d'alcool (loi interdisant la vente sur ces mêmes avions, puis projet de loi interdisant la vente de 22h à 6h, déclenchant lui-aussi un tollé). Il semblait donc que Mr Erdogan lancait les bouchons pour tester jusqu'où il pouvait aller. Dans ce contexte, on ne s'étonne donc pas de la réaction d'urticaire épidermique, explosive, concernant le projet de centre commercial, sur cette place qui ne compte que quelques maigres arbres, dans une agglomération de 12 Millions d'habitants avec très peu d'espaces verts.
Au début des évènements ( début Juin), alors que pour notre visite d'Istanbul, nous étions à Yalova une petite ville à une heure de ferry, nous avons entendu vers 5h du matin les rumeurs d'une manif, puis le lendemain soir avons assisté à un petit défilé et c'est notre voisin de ponton qui nous en a expiqué les raisons.
Nota: iI faut savoir qu'ici, les choses se passent la nuit.
Nous sommes donc allés voir ce qui ce passait sur la place Taxsim, dimanche dernier ( 9 Juin):
- La place était noire de monde, dans une ambiance de kermesse, très printanière (musique, danses). C'était la sortie familiale dominicale.
- Le centre de la place est occupée par les militants que bloquent le chantier et montent la garde pres des arbres menacés.
- De nombreuses (dizaines) petites manifestations (centaines de personnes), très diverses, remontaient la grande avenue commercante qui mène à la place Taxsim.
- En revanche, les banderoles, stands,.. sont extrèmement "politisés" . Ataturk ( drapeaux, T-shirts..) se vend comme des petits pains. Le marteau, la faucille, le Che, le masque des anonymus sont en avant aussi.On s'étonne de ne voir que peu de banderoles mentionnant Erdogan, ou son prénom "Tayyip", car les turcs se nomment le plus souvent par leur prénom.
- AUCUN FLIC à l'horizon!!!
Que va-t-il se passer? Les nouvelles sont contradictoires. Moments d'apaisement ou de calme, puis nouveaux affrontements. Mr Erdogan parait en faire une affaire personnelle et cela est un peu inquiétant. Le personnage semble psychorigide et ne veux rien entendre. Sa position est qu'élu à la majorité (50%), il n'a de compte à rendre à personne. Son entourage ( président, vise premier-ministrer, maire d'Istanbul) tente d'envoyer des messages apaisants et appels au dialogue, sans effet.
Il semble que le scenario de sortie de crise qui lui permette de sauver la face est de faire un referendum à Istanbul sur le sujet et de laisser les choses en stand-by en attendant les résultats. Ceci suffira-t-il à calmer les contestatataires ("la racaille"... ) chauffés à blanc par l'absence de dialogue possible et l'arrogance d'Erdogan? Cela ne parait pas évident, vu le niveau de politisation et de revendication atteint.