Premières impressions de Turquie

DikiliDikili, 29 avril : Balthazar a réussi à trouver une petite place dans ce port de pêche. Les pêcheurs sont très sympas : non seulement, ils sont contents de nous aider dans les maneoeuvres, mais ils n'hésitent pas à déménager spontanément pour nous laisser une bonne place. C'est pas chez nous que ça arriverait ! ("je travaille, moi!"). En tout cas, c'est bien agréable car pour les plaisanciers seules quelques marinas de luxe sont prévues et quand on arrive dans un port qu'on ne connait pas, ce n'est pas évident.

Nous avons fait notre entrée officielle en Turquie le 25 avril. Nous pouvons donc rester jusqu'au 25 Juillet dans les eaux turques (3 mois maximum...)

Auparavant, bloqués à Chios par un long coup de vent , nous en avions "profité" pour faire une première incursion en Turquie depuis la Grèce par le ferry avec la visite des grands sites antiques de la région : Ephèse, Priane et Milet. Depuis Dikili, nous complétons ce tableau par la visite de Pergame. En fait, la Grèce a gardé relativement peu de traces du monde gréco-romain et les sites majeurs se trouvent plutôt au Moyen-Orient (Turquie, Syrie, Jordanie...) Des 7 merveillles du monde antique ne restent aujourd'hui que les pyramides et ... une unique colonne du temple d'Artemis à Ephèse. Le site est  très étendu, ce qui permet d'imaginer une ville antique (200 000 habitants !!!!???) avec ses larges rues et colonnades, places, temples, maisons richement décorées de mosaiques et de fresques, bains, lieux de réunion, bibliothèque, théatre (20 000 places !). A Imaginer à l'époque au bord de la mer aujourdhui au fond d'une baie envasée, très fertile. Certaines ruines se retrouvent les pieds dans l'eau, pour le plaisir des grenouilles et des cigognes.

Nous sommes pour l'instant tout à nos premières impressions de Turquie :

  • Après plus d'une année passée à sillonner les iles de la mer Egée, tranquilles, arides, peu peuplées, nous mettons le pied sur un continent, dans un grand pays et cela fait un choc :  immenses vallées fertiles, verdure incroyable, horizon de collines verdoyantes à perte de vue, fond de montagnes enneigées. Un passage sur le périphérique d'Izmir, ville de 3 millions d'habitants avec ses immenses banlieues fraichement sorties de terre couvertes de lotissements d'immeubles hideux et qui s'étalent eux aussi à perte de vue (en attendant Istanbul 12 millions d'habitants...),  nous a franchement impressionnés. De même lorsque l'on longe les côtes, on voit défiler les "villages vacances" et autres lotissements bétonnés de maisons toutes identiques. Tout est neuf, ou du moins très récent. Tout s'est construit très vite.

    Arriere-Pays

    Izmir

    Betonnage

     

     

     

     

     

     

     

  • L'hospitalité des Turcs est bien connue : le contact est facile, bien qu'ils parlent très peu l'anglais (même les  jeunes, étonnant !). Tout se passe par le regard et le sourire, quand on regarde quelqu'un dans les yeux, un vrai contact s'établit, "ça croche" et il se met immédiatement en quatre pour nous aider. Quelques secondes (un petit coup de téléphone, appel à un ami, à un voisin) suffisent pour trouver l'interprète. On constate que ça fonctionne beaucoup en réseau. Par exemple, quand on rentre dans un magasin: si le marchand n'est pas là ou qu'il ne parle pas l'anglais, c'est le marchand du magasin voisin qui s'occupera de nous. Si le magasin est fermé, le marchand arrive au bout de quelques minutes car un voisin lui a passé un coup de fil. Sinon, demander la clef au voisin.... Efficace !
  • L'impression qui domine est celle d'un pays dynamique, qui se modernise à toute vitesse, qui se prend en main, qui a des projets. Ne nous parlez plus de toilettes à la turque (pas vu !), mais des autoroutes à télépéage, du prélèvement automatique des contraventions ("comme en Europe" disent-ils fièrement !), du parc de taxis flambant neuf, du quadrillage des espaces boisés par des couloirs pare-feu, des plantations d'éoliennes... Après une étape de modernisation à marches forcées mise en oeuvre par Ataturk dans les annnées 1930 (abandon de l'alphabet arabe, travaux linguistiques en profondeur et refonte de la langue, laïcisation de la société, droit de vote pour les femmes dès 1935), et après quelques décénies de sur-place, le pays semble avoir vraiment décollé dans les années 90.
  • Mais peut-être cela va-t-il trop vite?  avec une 2ème centrale nucléaire prévue non loin d'une faille sismique, et le projet pharaonique de plus grand aéroport du monde à Istanbul... Car ce qui frappe ensuite c'est le contraste entre cette volonté de modernité à tout crin, et le terrain : la société est très hétérogène. Dans les petites villes que nous avons traversées, à chaque fois l'ambiance est très différente.
    • A Cesme banlieue chic d'Izmir: marina de luxe, belles maisons et jardins, beaux et bons restaurants (service au top), congrès d''informaticiens.
    • En banlieue d'Izmir, aux pieds des barres HLM ou dans l'arrière-pays : vaches et poulets, tracteurs vieillots, paysan(ne)s au travail dans les champs.
    • A Dikili, port de pêche de moyenne importance : petit commerce traditionnel, beaucoup de plastique et de kitch, voitures des années 70, farniente et parties de tric-trac ou de dominos sur le port.
    • A Canakale, sur la rive asiatique du détroit des Dardanelles, à 200 m de l'Europe sur l'autre rive : incroyable diversité dans la foule de promeneurs du dimanche, gamins en trotinette, i-phone dernier cri, supporters de foot surexcités en attente de la finale nationale, copines en foulard, buveuses de bière en terrasse...

    Commerces-1

    Commerces-2

    Tracteur

     

     

     

     

     

     

  • C'est surtout en observant les (jeunes) femmes, que l'on se rend compte de cette diversité : car cela va de la punkette à cheveux rouges et en marcel à la vielle paysanne à fichu et pantalon turc (la même qu'au 19ème siècle). Une anecdote pour illustrer ceci, "vue à la télé!" : C'est une pub pour le yaourt xxx. Puisqu'il n'y a pas de ménagère turque, mais plusieurs, on n'y va pas par quatre chemins : l'écran est carrément coupé en 2 !!! pour raconter à droite et à gauche la même histoire : à gauche, un gamin à Nike embrasse sa maman (urbaine, active, brushing "je le vaux bien"), à droite un gamin en culotte courte des années 50 embrasse sa maman (paysanne, mère de famille, robe sac tristounette, foulard). Dans les 2 cas le message est : "le yaourt xxxx, que du bonheur !!!"

    Dardanelles-People-1

    Dardanelles-People-3

    Dardanelles-People-2

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Bref, un pays émergent dans ses années glorieuses... Ca va etre intéressant à observer... Ah la la, qu'est-ce qu'on est loin de la Grèce !