Cyclades : Santorin

R-05-DSC01560-Santorin-VolcanNous quittons la Crète le 3 mai aux aurores pour Santorin, notre première île des Cyclades. Après une belle journée de navigation, nous arrivons sur la petite île de Thirassia qui fait partie de l'archipel de Santorin. Les invités Bernard et Isabelle n'ont peut-être pas réalisé à quel point ils étaient vernis : c'est bien rare une traversée d'une journée complète, sans un épisode de moteur soporifique et /ou un épisode un peu plus agité, avec un vent globalement dans la bonne direction et conforme aux prévisions météo. Nous commencons à nous habituer : "en Mediterranée, il faut rester flexible".

A notre arrivée à Thirassia, à la nuit tombante, un pêcheur vient vers nous à la rame et nous propose gentiment de nous attacher à une tonne (une grosse bouée d'amarrage en béton). Heureusement car, caractéristique propre aux iles volcaniques, la profondeur est très grande: avec 50 m de profondeur, à 5 m du rivage, il est impossible de jeter une ancre. Sans lui, nous aurions peut-être passé la nuit dehors.

Tout cela nous rappelle les iles éoliennes, mais avec en plus une dimension mythique : les 4 îles volcaniques qui composent cet archipel, dont Santorin (ou Thira) est la principale, sont les vestiges d'une ancienne ile détruite lors d'une éruption particulièrement violente qui s'est produite vers 1600 avant J. C. Certains pensent que c'est cette éruption, l'éffondrement de l'ile et l'immense ras de marée qui en résulta qui aurait provoqué la fin de la fameuse civilisation minoenne en Crète. D'autres avancent que Santorin serait le lieu de l'Atlantide citée par Platon, engloutie dans les flots lors d'un cataclysme. La zone est restée active depuis : une partie de l'ile s'est détachée, une autre s'est effondrée, les éruptions plus récentes ont fait apparaitre au centre de la caldeira un nouveau petit volcan.

Le lendemain, nous gravissons le sentier de muletier qui monte au principal village de l'île (précision : à pied, et non en mule). La vue sur Thira et la caldeira est impressionnante. Nota : la caldeira désigne la zone d'effondrement du volcan, couverte aujourd'hui par la mer et entourée de hautes falaises.

Le jour suivant, nous faisons une courte traversée vers le petit ilot de Néa Kaméni qui forme la partie active du volcan au centre de l'archipel. Nous trouvons une autre bouée de libre, au pied d'une coulée de lave noire relativement fraiche, la dernière éruption date de 1950. Quelques vapeurs s'échappent encore du cratère. Nous pouvons débarquer et faire la ballade sur le volcan. C'est un peu rude au début, car il faut crapahuter et escalader des éboulis avant de trouver un chemin. Ca monte très raide mais la récompense est immédiate.

A Santorin même nous faisons escale dans une petite marina à Vlihada au sud de l'île entièrement gratuite, eau et electricité compris. La gratuité ou le coût dérisoire des ports est une des caractéristiques qui laisse penser que la Grèce n'est pas un pays comme les autres...On loue à nouveau une voiture pour sillonner l'ile, profiter des vues panoramiques, des plages (sable blanc, sable gris, sable rouge), des couchers de soleil sur la caldeira et visiter quelques petits villages troglodytes à l'intérieur de l'ile. C'est l'habitat rustique "cycladique" typique, qui reste frais même dans les chaleurs torrides de l'été. Les maisons sont en partie creusées dans la pierre et serrées dans des petites ruelles étroites et tortueuses, qui ne laissent pas passer le soleil. Les facades et les terrasses sont d'un blanc éblouissant. 

Dans le village principal de l'ile, Santorin, une véritable La Mecque touristique, nous en avons une version plus léchée et branchée. Quelques générations de stylistes sont passés par là et ont façonné l'image de carte postale que l'on connait : le dédale des petites maisons blanches, les jolies couleurs bleues et ocres, le top du top étant la luxueuse terrasse surplombant le précipice de la falaise de la caldeira, si possible avec piscine...

Enfin, Santorin possède 2 sites archéologiques, Akrotiri et Archa Thira

Akrotiri date de la période minoenne et a donc été ensevelie sous la cendre et c'est peut-être la cité mythique de l'Atlantide ! Elle a été dégagée très récemment (il suffisait de creuser...)  et des fresques splendides ont été découvertes (les fouilles sont encore en cours, il y a de fortes chances que l'on en trouve de  nouvelles). Elles sont de la même époque que certaines fresques égyptiennes, mais la manière de peindre parait beaucoup plus libre et les thèmes souvent marins et animaliers plus légers et pleins de fantaisie : poissons volants, dauphins, coraux, méduses, hirondelles, singes bleux ...

Archa Thira, plus près de nous (périodes grecque classique et gréco-romaine) fait rêver aussi en particulier avec les ruines de son théatre antique et sa vue sur le ciel bleu tous azimuts.

Malheureusement, l'heure du départ de nos invités a sonné et après les adieux, nous ne nous attardons guère et partons pour notre prochaine ile, Amorgos, beaucoup moins touristique, mais très montagneuse et très intéressante pour les randonneurs.