Les Orcades

Nous allons consacrer une dizaine de jours aux Orcades, archipel au large du nord de l’Ecosse.

 

Après le passage du canal calédonien, nous retrouvons la mer et les calculs de marée. Départ d’Inverness  très tôt pour Wick (4h). Il fait très beau mais peu de vent : 40 milles au moteur, mais il faut avancer. Apparition de nombreux oiseaux ce qui nous donne un avant-gout de ce qui nous attend aux Orkneys. 1ere nappe de brouillard (fog patch) quand nous arrivons le soir dans la marina toute neuve et quasi-déserte de Wick.  Le harbourmaster nous enseigne le dicton météo local « pour 2 jours de beau temps, 1 jour de brouillard ». Nous passons une journée à Wick, un port important à la grande époque de la pêche au Herring. Pendant tout l’été (la saison de pêche) le port accueillait des milliers de bateaux et grouillait d’activité pour le salage et la mise en baril des poissons (très appréciés dans les pays Scandinaves ou en Russie). Petit détail : le développement de cette pêche au hareng à une échelle industrielle avait été décidée et organisée au même moment ou les paysans étaient chassés pour laisser place aux moutons plus rentables. La main d’œuvre était donc toute trouvée….C’est ce qui s’appelle faire d’une pierre 2 coups. Aujourd’hui ce même port est désert. Le hareng sur-pêché a disparu, des bateaux modernes vont  le chercher plus loin et les conditionnent sur place.  La ville semble sinistrée et la population assez âgée. Il est frappant de voir que beaucoup de personnes travaillent encore à un âge où chez nous on est déjà à la retraite (petits commerces traditionnels, musée, bureau de la marina….)

 

Autour et aux Orcades, côté navigation, les choses se compliquent avec les courants. Globalement, la mer se remplit par le nord à marée montante et se vide par le sud à marée descendante, mais la configuration de l’archipel et la forme de chaque ile modifient ce principe et donne des courants venant de toutes les directions. Les instructions nautiques et  les cartes donnent globalement  la direction et la force du courant selon le lieu et l’heure de la marée, mais pas toujours confirmée par la pratique. Bref, on calcule une heure « idéale » de départ   et ensuite on surveille en permanence le cap suivi (grâce au GPS) pour comparer le courant réel et le théorique qu’on a calculé laborieusement .

 

L’heure du départ de Wick est fixé vers 11h, en fonction des heures et directions des courants. A peine sortis du port bien abrité, nous rencontrons des conditions pas sympa du tout, qui nous font mettre le harnais : vent, mer très agitée, clapot, remous et pour couronner le tout : un patch qui apparaît en un instant. Puis ca se calme à la sortie de la baie de Wick et on peut se consacrer à la navigation : vérification des calculs

 

Nous arrivons tard le soir à Kirkwall, capitale des Orkneys. Quand nous débarquons, nous faisons rire les locaux avec nos pulls et bonnets « It is not THAT cold ! ». Les gens ne sont pas frileux par ici et pour eux ce jour d’été est sans doute le plus chaud de l’année ! et tous sont en tenue de bronzage.

 

Le paysage change de l’Ecosse et pas seulement le paysage, on n’entend plus parler de l’Ecosse ( le lointain « continent ») à laquelle l’archipel est pourtant rattachée. On voit partout le drapeau orcadien, une variante du drapeau norvégien. L’histoire des Orkneys est scandinave depuis le moyen-âge.

 

Les iles sont plates, les collines très vertes, couvertes de fleurs à cette saison (pâquerettes, boutons d’or, trèfles roses). On apprécie particulièrement avec le soleil et la mer bleue. L’archipel est riche (agriculture et élevage) et avec la nouvelle activité liée au pétrole en mer du Nord il n’y a pas de chômage. Les 2 attractions culturelles et touristiques sont les sites archéologiques préhistoriques et ornithologiques.

 

Nous faisons la visite de Main Land, l’ile principale en bus. Le 1er site préhistorique de Skara Brae que nous visitons nous impressionne beaucoup. Il date de 5000 ans. C’est un ensemble de quelques maisons de l’âge de pierre, au bord de la mer. On peut voir les murs de ces huttes de pierres et les chemins souterrains reliant les maisons, à l’intérieur les « meubles » : l’âtre avec les pierres pour écraser le grain, des « lits », des « sièges », des alcôves, des niches, ou « buffets » et « étagères ». Non loin de là, encore 2 sites extraordinaires :  un grand cercle de pierres levées et un tumulus dans lequel est enfoui une grande chambre funéraire (présumée). Ces sites ont été découverts récemment : fin 19ème.  A Skara Brae, le châtelain local se met à creuser sur son domaine après qu’une tempête ait découvert les 1er vestiges. Cette histoire se répète plusieurs fois, et il semble que pour trouver des vestiges préhistoriques aux Orcades, il suffise de creuser…, en particulier les tumulus sont clairement identifiables dans le paysage. On trouve ces vestiges dans toutes les iles.

 

Balthazar (et son annexe) nous permet de découvrir d’autres iles de l’archipel, plus sauvages, peu habitées ( Rousay, Westray, Papa Westray, Holm of Papa, North Ronaldsay, ey ou ay = ile,  Orkneys = iles aux phoques) : C’est la que l’on peut vraiment observer les oiseaux et les phoques. Sur ces iles, on peut visiter par soi-même les sites préhistoriques perdus dans la nature. Il suffit d’ouvrir une grille pour protéger le site des moutons et des oiseaux, ensuite les lampes torches et les tapis de sol pour ramper sont fournis et on peut jouer les archéologues. Il s’agit le plus souvent  de tombes individuelles ou collectives enfouies sous des tumulus, parfois avec des inscriptions gravées dans la pierre.

Nous sommes très bien accueillis en arrivant au petit port de Westray par le harbourmaster qui prend le temps de nous présenter son ile et nous indique où nous procurer des crabes et des homards frais, spécialités de Westray. Le soir même, un bateau vient livrer sa pêche d’une semaine à l’usine de conditionnement toute proche : nous assistons au déchargement de 15 TONNES! de tourteaux vivants grouillants. Les caisses sont dirigées vers l’usine qui travaille en continu toute la nuit. Pauvres crabes ! Puis tout cela partira directement à l’étranger, pour l’essentiel chez les espagnols, grands amateurs de crustacés.

Pour l’observation des oiseaux, c’est vraiment facile car ils sont omniprésents, en colonies, par milliers. L’été est la saison idéale, car c’est la saison de reproduction et certaines espèces viennent de très loin (antartique) pour  couver leurs œufs. Nous découvrons les espèces locales, au fur et a mesure de longues ballades et nous apprenons à les distinguer, au nid, ou en vol : fous, fulmars, cormorans, shags, guillemots, guillemots noirs, razorbills, différentes sortes de goélands, de mouettes, de sternes, dont les très jolies sternes arctiques. Le great skua (Grand labbe) est un peu à part. C’est un grand oiseau impressionnant en vol, de type rapace, qui a la désagréable habitude dès que l’on s’approche de son territoire, de foncer et de faire du « dive bombing » sur l’intrus, en passant en rase-mottes à quelques centimètres de sa tête. Notre préféré est le puffin (macareux moine) : trop drôle .On ne s’en lasse pas.

 

Shetland Islands

 

Nous passons plus rapidement sur les Shetland, non pas par manque d’intérêt, mais nous manquons de temps pour détailler autant. Tout en étant le prolongement des Orcades pour les attractions préhistoriques et ornithologiques, nous avons franchis les 60 ° de Latitude Nord et cela change pas mal de chose. Nous sommes beaucoup plus «au Nord ». Lerwick la capitale s’est imposée une étape obligée pour tous les pécheurs du grand nord, entre la Norvège et l’Islande. Les locaux ont un accent encore plus forts que celui des Orcadiens et à l’oreille cela ressemble à une langue nordique.

Nous sommes reste une semaine , un peu plus longtemps que prévu en raison de vent trop forts pour traverser la mer du Nord. Nous partons demain pour Bergen, les conditions étant maintenant favorables