Les hébrides intérieures
Mais d’autres aventures nous attendent…Moins à l’ouest, moins au large, moins sauvages encore d’autres iles : elles sont plus touristiques car plus faciles d’accès (quelques minutes de ferry ou pont pour Skye) et plus habitées.
Rona
Le temps s’accélère et le départ de Jacques se rapprochant, nous faisant de nouveau route vers l’ouest en direction de l’ile de Skye avec un premier mouillage dans le Loch Dunvegan et son célèbre château, fief du clan Mac Leod.
Puis nous longeons les cotes Nord et Est de Skye, très vertes, bordées de hautes falaises noires et de plages. Entretemps, les vents se sont de nouveau orientés selon un régime plus normal de ouest à sud-ouest, et nous sortons le spi pour la deuxième fois ; nous traversons un grand bras de mer pour gagner la petite ile de Rona où nous trouvons un autre mouillage superbe et solitaire nommé Acarseid Mhor.
Skye
Une petite étape nous amène en face de Kyle of Lochalsh, au pied du pont qui relie le continent (façon de parler) à l’ile de Skye. C’est là que nous devons « débarquer » Jacques. Après de derniers précieux conseils pour la poursuite de notre voyage, nous le voyons partir avec regrets dans le bus pour Glasgow. Nous allons maintenant nous débrouiller tous les deux et ces 2 mois de préparation et de navigation avec le concours efficace et bienveillant de Jacques nous auront grandement facilité la prise en main de Balthazar.
Nous sommes installés à un ponton, chose rare par ici on le rappelle, et nous en profitons pour laisser Balthazar se reposer un peu et sillonner de notre côté l’ile de Skye dans tous les sens pendant 5 jours en bus, voiture et à pied. On retrouve les mêmes chauffeurs de bus d’un jour à l’autre et on finit par être salué comme des habitués. La météo locale est impressionnante, nous avons l’occasion de constater son exactitude à 5 jours en alternant jour de pluie, jour de beau temps avec pluie et jour de beau temps sans pluie ! Et maintenant nous commençons à maitriser et nous organiser en fonction : nous faisons une magnifique ballade qui nous permet pratiquement de traverser complètement l’ile du Sud au Nord au pied des Cuillins, célèbres montagnes de Skye : 8 heures de marche non stop, sous le soleil.
Puis nous décidons de poursuivre notre navigation en allant mouiller un peu plus loin au sud de Skye, au pied du château de Armadale. C’est la première fois que nous ne sommes que tous les deux à bord et il règne un peu d’appréhension mais la manœuvre de départ du ponton se passe impeccablement. On hisse la grand voile et nous voilà reparti ! Il fait un temps magnifique. Nous devons passer par un étroit chenal entre Skye et le continent où les courants peuvent atteindre 8 nœuds. Mais nous avons fait les calculs de marée nécessaires et c’est avec un courant légèrement favorable que nous entrons dans le chenal, au moteur car le vent est juste face à nous. Quelques heures plus tard nous arrivons dans l’anse d’Armadale où nous pouvons nous amarrer sur un des nombreux coffres disponibles. Au programme de cette fin de journée : ballade à pied au soleil couchant dans le magnifique parc arboré du chateau, douches bien chaude puis bières au pub.
Sur les trace du cercle celtique
Un anticyclone est maintenant fermement ancré par ici et les prévisions aussi loin que nous puissions les voir prévoient grand beau temps et pas ou peu de vent. Cette situation est jugée « very unusual » par les locaux . Nous décidons donc d’en profiter pour aller dans certains mouillages dit de « beau temps ». Après le départ de Jacques, notre prochain équipage n’arrivant que dans un peu plus de 2 semaines, nous avons le temps… Donc tous les jours un petit saut de puce d’une ile à une autre, grosso modo où le vent nous mène avec l’aide du moteur si nécessaire de temps en temps.
Nous sommes très désireux d’aller à Iona, mais le mouillage suppose une météo calme, sinon pas d’obligation particulière, simplement se balader à terre et trouver de bons mouillages pour
Canna , Rum , Eigg, Coll
Sont désignées sous le nom de « Small Isles » un ensemble de petites iles au sud de Skye dont les principales sont Canna, Rum et Eigg.A commencer par Canna et Rum. Ces iles ne sont guère habitées, Rum est une réserve naturelle avec des montagnes assez élevées. Ici pas de pub et les possibilités de courses sont inexistantes. Le cadre est superbe et les possibilités de ballade nombreuses mais pouvant s’avérer fatigantes : un sommet à 800m, ça parait pas très haut, mais quand on part de 0m…
En consultant la documentation de bord, nous avions repéré tout au nord de l’ile de Coll un lieu recommandé par beau temps uniquement où après quelques zigzags au milieu des cailloux, on accédait à une espèce de petit lagon paradisiaque où se prélassaient ou barbotaient de nombreux phoques. Moment magique et inoubliable !
Retour à la civilisation
Après Canna, Rum, et notre mouillage parmi les phoques, nous voici à Coll toujours sous le beau temps (« quite unusual for the season »). Petite ballade et bière à l’hôtel de charme où il faut débattre de la « stratégie » !!! : en effet un retour à la civilisation est nécessaire. Depuis près d’une semaine de petits mouillages dans les coins perdus, pas d’internet, pas de mail, pas toujours de téléphone et de plus … les soutes sont vides. Plus rien de frais à manger. Dans ces iles, il est difficile de trouver même un simple petit magasin (en général le Post Office fait office d’épicerie de dépannage pour le lait et le pain) Après 5H c’est fermé. Pour les légumes frais, il faut passer commande. Plusieurs fois depuis le début, malgré la beauté des paysages et l’effet bienfaisant de la nature, l’effet « vacances », les parisiens que nous sommes se demandent «comment font les gens ?» dans ce désert culturel et gastronomique. Le retour à la civilisation, c’est Tobermory, la petite ville animée bien sympathique sur l’ile de Mull où nous étions déjà passés il y a 3 semaines. En chemin nous croisons un troupeau de dauphins, c’est toujours un régal de les voir sauter et plonger autour du bateau, l’œil coquin et rieur… Pour une fois nous sommes en terrain connu, c’est sympa de retrouver ses repères, reconnaître les bateaux voisins, consulter les mails et passer une journée sur internet (envoi du 1er mail), ou satisfaire ses besoins de consommateur aliéné : dépenser ses sous….c’est incroyable comme la 1ere chose que l’on fait en arrivant quelque part est de se précipiter pour acheter des choses dont on se passait parfaitement 1h plus tôt (une casquette, une marmelade de citron…).
Gometra & Staffa
Après cette journée d’escale, le lendemain 4 juin, objectif Iona au sud-ouest de Mull à quelques 30 milles. Les vents sont favorables et nous prévoyons une étape à Gometra. Cette escale nous est inspirée par le mouillage « Acarsaid Mhor » du Cercle celtique . Ce mouillage n’étant pas recommandé avec les vents en cours de NNE, nous allons à Gometra Harbour entre les iles de Gometra et Ulva à l’Ouest de Mull. Las…, le matin suivant le vent a forci et le mouillage à Iona n’est plus possible. Nous envisageons de retourner à Coll depuis laquelle nous devrions être bien positionnés pour le lendemain (voir la carte). Nous faisons un détour pour aller voir la petite ile de Staffa (curiosité géologique : formation basaltique en tuyaux d’orgue, l’ile ressemble à une baleine qui rit de tous ses fanons). Ce petit détour nous coute cher car le vent a fraîchi et nous captons sur le NAVTEX un « gale warning soon » sur notre zone (coup de vent, en langage météo « soon » = dans un délai de 6 à 12 heures). Plus le temps d’aller à Coll, retour au mouillage à Gometra pour la 2ème nuit bien à l’abri. Nous y retrouvons déjà 2 voiliers et un 3ème suivra peu après. Le vent soufflera fort cette nuit là mais le mouillage est bon et l’ancre tient.
Parenthèses pour les petits jeunes ou autres qui ne songent peut être pas à s’émerveiller de cette technique, le NAVTEX (Navigational Telex) est l’ancêtre du texto qui nous donne la météo jusqu’à 400 milles marins en mer.
Mull & Iona
Nous irons finalement à Iona en voiture et ferry : retour à Tobermory pour profiter d’un autre bienfait de la civilisation : la location de voiture.Iona est l’ile sur laquelle l’ermite St Colomba venu d’Irlande s’est installé au 5ème siècle et a fondé la communauté dont les disciples se sont dispersés pour répandre la parole des évangiles dans toute l’Europe. Certains disent que c’est cette 2ème évangélisation, partie cette fois de l’ouest, rendue nécessaire par l’effondrement de l’empire romain qui nous a véritablement christianisé. Nous n’avons pas d’avis d’expert sur la question.
Sur l’ile subsistent une cathédrale et les vestiges de 2 monastères, on peut faire le tour de l’ile pour découvrir la vue sur la cote de Mull, en granit rouge à cet endroit et se balader sur les plages (dune et sable blanc, rochers et eaux limpides). Nous rentrons bien tard à la maison, car nous avons fait le tour complet de Mull en voiture sur les petites routes touristiques. Nous avons fait le plein de verdure, d’arbres (ça manquait) et de fleurs des champs.
Loch Sunart
Le lendemain nous visitons 2 châteaux sur le Sound of Mull, l’un propose une ballade dans un jardin à l’anglaise, l’autre est Duart Castle, fief du clan Maclean. Le soir mouillage « Cercle celtique » à Loch na Droma Buidhe en face de Tobermorry dans le Loch Sunart (encore en petit lagon entouré de collines). Le lendemain, exploration tranquille du Loch Sunart jusqu’à Salen puis retour au mouillage de Loch na Droma Buidhe.
Oban
10 juin : arrivée à Oban où nous nous donnons 3 jours pour préparer la prochaine grande étape : ménage, courses, karcher, lessive, plein d’eau, bricolage, réparation de l’annexe (elle prend l’eau, ce qui rend les déplacement à terre compliqués)... En fait nous sommes au ponton dans une marina située sur la petite ile de Kerrera (encore un site « Cercle Celtique ») à 5mn du centre d’Oban en bateau taxi. Une belle ballade permet de faire le tour de l’ile et de découvrir son château, encore un.
Nous sommes en manque de poisson, la pêche aussi bien en mer qu’à terre s’est avérée très peu fructueuse pour l’instant. Nous découvrons enfin à Oban un POISSONNIER, un vrai, espèce très rare par ici paradoxalement. En effet, tout part à l’exportation, on en reparlera plus loin. Nous faisons une cure de poisson et de crabe.